0805 655 080, c’est le numéro vert mis en place pour les étudiants en détresse psychologique. Il a été mis en place ce 1er mars par l’association APESA et l’entreprise de télécoms Newtech quelques mois seulement après le numéro à destination des entrepreneurs.
Il y a urgence.73% des jeunes déclaraient en novembre avoir été affectés sur le plan psychologique affectif ou physique lors du premier confinement. 23% d’entre eux disaient même avoir eu des pensées suicidaires ( étude Fage / Ipsos). La détresse des étudiants a été entendue.
Apesa fait appel pour la seconde fois à Newtech
Le 1er février, étaient mis en place, par le Gouvernement, les « Chèques d’accompagnement psychologique » leur donnant accès à trois consultations gratuites de quarante-cinq minutes chacune. Depuis ce 1er mars, a été lancé un numéro vert – le 0805 655 080- qui leur permet d’être mis en relation avec un thérapeute. Celui-ci les dirige ensuite vers un confrère, exerçant près de chez eux.
A la genèse de cette initiative, on retrouve le Conseil départemental de Charente-Maritime et l’université de la Rochelle. Ils se sont tout naturellement tournés vers l’association APESA, Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aigüe, qui a déjà lancé, avec l’aide de la société de télécoms Newtech, un numéro à destination des entrepreneurs en difficulté en avril dernier. Leur collaboration avait été des plus efficaces.
En trois semaines, le numéro était opérationnel
« J’ai été contacté en mars 2020 par la Direction générale des Entreprises qui voulait mettre en service un numéro d’écoute pour les entrepreneurs » se souvient Marc Binnié, greffier au tribunal de commerce de Saintes, co-fondateur d’Apesa avec Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien. « Je me suis mis en relation avec Newtech. Je savais qu’ils avaient travaillé avec le Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires et que tout s’était très bien passé. Ils ont répondu dans l’urgence. On a du tout mettre en place en trois semaines seulement ». Depuis le 27 avril 2020, les entrepreneurs fragilisés par la crise ou par tout autre facteur ont la possibilité de parler à un des 1200 psychologues du réseau APESA. Un dispositif financé par de nombreux acteurs comme les Chambres de Commerces, les Chambres des Métiers, la Banque Thémis, Generali, Harmonie Mutuelle… Et dire qu’à l’origine Marc Binnié ne projetait pas de créer de numéro vert. Son projet était quelque peu différent.
« Prenez soin de vous », en réalité, c’est un « débrouillez-vous » !
Lorsqu’ils décident avec Jean-Luc Douillard de créer l’association, c’est dans l’idée d’accompagner toute personne en contact avec des entrepreneurs à la dérive. « Cela peut être des greffiers, des juges, des avocats, des mandataires… » précise Marc Binnié, « l’idée est de leur donner les clés pour comprendre la psychologie des chef.fes d’entreprise, et même leur faire comprendre ce qu’est une crise suicidaire ». A ce jour, plus de trois mille personnes ont été formées. Et lui d’expliquer d’où lui est venue cette idée : « En tant que greffier d’un tribunal de commerce, je suis amené à rencontrer, quotidiennement des entrepreneurs en difficulté. J’estime qu’on ne peut pas les regarder sombrer en restant les bras croisés. C ‘est de la non-assistance à personne en danger. Le projet né à Saintes, a fait des petits. Aujourd’hui plus de soixante-et-onze tribunaux ont intégré la démarche initiée par Apesa. Cela va même au-delà. « Cela a renforcé la solidarité entre entrepreneurs » remarque Marc Binnié « mon boulanger en entendant parler de notre numéro vert dans la presse locale a pensé à son confrère, installé un peu plus loin, et a décidé d’aller le voir pour s’assurer qu’il allait bien » et l’officier de justice de conclure : « il faut arrêter de dire « prenez soin de vous », cela veut dire en réalité « débouillez-vous », il faudrait plutôt dire « prenez soin des autres ».