Le « ping call » : attention à la fraude internationale massive

44% des coups de fil intempestifs sont des fraudes aux numéros surtaxés, appelés également Ping Call. Un fléau pris très au sérieux par les opérateurs et par les Etats qui mettent en place des mesures de protection.

 

Qui n’a jamais reçu un appel d’un +223 98 29 47 31 ou d’un +243 907652087 ? Cela sonne une fois puis cela raccroche. Agaçant… Il faut savoir qu’en Europe de l’Ouest, un utilisateur de mobile reçoit de une à cinq fois par mois ce qu’on appelle donc des « ping calls ». Cela représente 1,5 milliard d’appels. Mais attention, bien mal vous en prend, si vous rappelez. 10% le font. Vous êtes facturés, et vous voilà victime d’une immense arnaque.

Les numéros de vos amis ne sont pas vos amis

Cela peut être encore plus sournois. Qui pourrait soupçonner un gentil numéro commençant par un simple 01, 02, 03…Confiant, vous rappelez. Un opérateur vous annonce alors que vous êtes l’heureux gagnant de tel ou tel cadeau, et que pour pouvoir toucher votre lot, vous devez contacter un prétendu service client dont le numéro est bien évidemment surtaxé. Appâté, vous vous exécutez. Vous voilà ferré et délesté de quelques euros. Autre méthode plus simple : De vrais numéros d’abonnés sont « usurpés ».

50 centimes par appel

Quelque soit la forme, cette arnaque des Ping Calls est très lucrative. « Lorsque les victimes rappellent, la durée des appels est dans 99 % des cas inférieure à une minute. Cela représente pour elle un coût moyen de 50 centimes » explique Xavier Lesage, cofondateur et président d’Araxxe, une société spécialisée dans la lutte contre la fraude téléphonique. Un petit rien qui multiplié à beaucoup représente un sacré pactole, amassé par des sociétés bien mystérieuses.

A qui profite le business des Ping Calls

Entre les opérateurs de l’appelant et de l’appelé se situent des opérateurs dits de « transit » qui acheminent les appels. Ces opérateurs peuvent avoir recours à des sous-traitants. Dans cette grande chaîne, chaque maillon récupère une portion du prix de l’appel. Alléchant… Ainsi des entreprises malveillantes font miroiter des prix très attractifs pour inciter les opérateurs principaux à leur envoyer les communications, puis elles les détournent. Au bout du compte, lorsqu’une portion des millions de personnes ayant reçu un appel en absence y répondra, l’opérateur de transit les interceptera en les faisant décrocher par un serveur automatisé, diffusant un message préenregistré, ou en le branchant à un centre d’appel. Là, des opérateurs seront chargés de maintenir la victime le plus longtemps possible en ligne. Jackpot !

Les opérateurs téléphoniques engagés dans la lutte

Les premières victimes sont les opérateurs historiques. Selon un rapport de la Communications Fraud Control Association (CFCA), ce type d’arnaque en 2019 a coûté un peu moins de 1,8 milliard d’euros par an à ces entreprises. Pour se défendre, chacun a sa technique. Orange affirme privilégier des routes directes et des opérateurs de transit de confiance. SFR affirme travailler sur des outils de détection plus poussés et rembourse ses clients. Chez Free, ont été mises en place des options de filtrage d’appels pour l’abonné.

Le 33 700 pour les usagers

Côté usager, la Police Nationale a lancé un numéro gratuit. Tout a chacun peut envoyer un SMS au 33 700 avec le texte « Spam vocal 01 XX XX XX XX » en précisant le numéro de téléphone suspect. Son signalement sera transmis aux opérateurs. En attendant le projet de loi, dont le rapporteur est le député UDI Christophe Naegelen.

Une loi votée au printemps

Le texte prévoit d’interdire aux opérateurs d’acheminer des communications téléphoniques provenant de pays étrangers et affichant un numéro à 10 chiffres pouvant faire croire qu’il s’agit d’un numéro français. L’article 6 précise que lorsque l’opérateur dispose de suffisamment de signalements vis-à-vis d’un éditeur, il a la possibilité de couper le numéro et de résilier son contrat sans préjudice. Il doit aussi cesser de reverser les sommes associées aux services déloyaux. Mesures qui devrait être adoptées par l’Assemblée Nationale au printemps prochain.